Arts martiaux : l'entraînement dans la douleur

Beaucoup de sportifs ont en tête les images des entraînements de Sylvester Stallone dans Rocky, de Jacky Chan ou tout autre "combattant" cinématographique. Combien se sentent "boostés" par la vision de ces icônes se surpassant dans la douleur pour parvenir à vaincre leurs faiblesses et leurs adversaires. Pour enfiler un jogging et aller courir après avoir vu une de ces séquences…

entrainement douleur

Véritable phénomène de société, le MMA requiert un entraînement difficile, exigeant et douloureux (source photo : parier-sans-licence.com)

Répétée ou répétitive ?

Les séries de chutes et les suburis en Aïkido, les longueurs de tsukis et keris en karaté, chaque discipline possède ses exercices fondamentaux qui peuvent et doivent être pratiqués de manière répétée. Mais une importante distinction doit être faite entre manière "répétée" et "répétitive".

Lorsqu’on s’entraîne de manière "répétitive" on arrive en répétant longuement un exercice à un seuil de douleur. La fatigue, la libération d’acide lactique surviennent et rendent la pratique difficile à continuer. Toutefois la persévérance permet de dépasser ce stade et d’arriver, paradoxalement, à un certain confort. Ce confort peut-être dû au fait que vous employez finalement moins de force et exécutez mieux le geste, mais en réalité il est généralement dû aux endorphines que libère le corps. Malgré le seuil de douleur qui reste toujours difficile à dépasser on peut trouver un certain plaisir à répéter régulièrement ce type d’entraînement et avoir le sentiment que l’on progresse. J’ai moi-même longtemps été fier de mes longues séries de coup de poings et pieds lorsque je pratiquais le karaté. Et lorsque j’ai commencé l’aïkido je m’enorgueillissais de mes longues séries de chutes et de suburis.

Malheureusement ce type d’entraînement n’amène que des progrès rares et limités après de longues années de pratique. De longues années durant lesquelles le corps aura été usé par un entraînement incorrect supporté grâce à la libération des endorphines…

Modifier l’utilisation du corps

Le véritable entraînement consiste à modifier l’utilisation de son corps, pas à le forcer à exécuter des gestes malgré la douleur. Et il faut lutter contre cette sorte de satisfaction machiste et masochiste issue des stéréotypes du cinéma, des mangas ou des dessins animés.

Il est nécessaire de répéter les exercices fondamentaux, et il ne faut pas fuir la douleur à tout prix. Mais plutôt que de pratiquer mécaniquement en pensant uniquement à surmonter notre mal, il est important de prendre conscience de chaque partie de notre corps. Sentir ses os, ses muscles, prendre conscience de la force inutile que nous employons et mettre en pratique les enseignements reçus. Ce n’est qu’à travers ce type d’entraînement que les efforts porteront des fruits durables et permettront de rentrer dans un autre monde de pratique…


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